Tourismophobie & touristophobie: les fruits de l’overtourisme

tourismophobie

Comment expliquer le cas de Barcelone, devenu le fer de lance du mouvement anti-touristes, ou de Venise et Dubrovnik, destinations devenues ouvertement touristophobes?

Barcelone, qui rappelons le, selon le Top 100 City Destinations Ranking WTM publié par Euromonitor International,  ne serait qu’en 23e position des villes les plus fréquentées par les touristes, avec 7,6 millions de touristes reçus en 2017, loin des premières villes d’audiences mondiales.

Pour sa part, Venise n’apparaît en 38e position et Dubrovnik ne figure même pas dans le top 100…

Comment et pourquoi parler d’un surtourisme, puisque les métropoles ont –
théoriquement – des capacités d’accueil suffisantes pour soutenir un tel flux
croissant de visiteurs ?

Pourquoi le tourisme ne serait problématique que dans deux des 100 premières métropoles mondiales ?

Cela est d’autant plus étonnant que la notion de surtourisme a été inventée pour décrire les effets négatifs d’une trop grande charge sur des milieux fragiles (Machu Pichu, Mont St-Michel, sites naturels, etc.), ce qui n’est visiblement pas le cas de ces grandes villes.
Et pour ce qui est de Venise, seul l’appât du gain des autorités municipales explique qu’elles aient laissé venir un nombre croissant de paquebots de plus en plus gros, mettant en péril un écosystème naturel fragile dans la lagune. La problématique était simple, et la solution tout autant.

Bien faire la distinction entre touristophobie et tourismophobie

On distingue deux phénomènes, apparemment liés mais distincts dans leurs causes, et dans les solutions à y apporter

  1.  Touristophobie : aversion envers les touristes qui se manifeste par des gestes de rejet – voire des agressions – commis à leur endroit.
  2. Tourismophobie : rejet de l’industrie touristique et de ses partenaires institutionnels (administrations publiques, municipalités, offices de tourisme, administrations portuaires et aéroportuaires) et commerciaux (OTA, hôtels, attraits, transporteurs) par des habitants d’un territoire, qui se sentent – légitimement ou non – dépossédés de leur droits, avantages et paisibilité.

Le premier doit être décrié avec force. On ne peut accepter une telle forme d’obscurantisme qui chercherait à brimer cette volonté de découvrir le vaste monde.

Le second mérite réflexion. Si notre réflexe premier est de défendre à tout prix le tourisme et les touristes, il est possible de constater que certaines décisions territoriales du passé ont été prises à l’avantage de certains et parfois au détriment d’autres, notamment les habitants. Le développement du tourisme se fait avec le concours actif de la gouvernance touristique de cette même destination.

Un problème de perception

Le tout est le fruit d’un travail échelonné sur plusieurs décennies. Il faut donc y voir une volonté soutenue, organisée et constante des autorités locales et régionales, qui s’explique souvent par les fruits de la fiscalité et de l’économie.

Or, une bonne politique publique repose sur le précepte suivant : ses bénéfices doivent être concentrés auprès d’un groupe qui en bénéficiera et les reconnaîtra, et les coûts doivent être diffus, à savoir portés par une majorité qui n’en aura peu ou pas conscience.

Le développement touristique répond souvent à ce critère pour la gouvernance touristique d’un territoire, mais rarement pour ses habitants. Au contraire, les habitants héritent parfois des coûts concentrés (à savoir les irritants quotidiens) et ne reçoivent que de manière diffuse les avantages perçus par leur collectivité (taxes, autres revenus et emplois).

 

Certes, la présence de touristes peut être source d’irritants pour les locaux. Cependant, les nuisances sonores nocturnes vécues par les riverains des quartiers touristiques ou encore les enjeux de logement (les illustrations les plus courantes) peuvent aisément être résolus par une planification et une réglementation à l’échelle municipale. Les exemples de réussite en cette matière sont nombreux partout sur le globe, et constituent la règle, davantage que l’exception.

Source : www.quotidiendutourisme.com

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