Les promesses de Trump au secteur de l’aérien
Le nouveau président américain rencontrait jeudi dernier les représentants de plusieurs compagnies aériennes et aéroports américains.
Si le début de la présidence Trump n’est pas vraiment du goût de tous les professionnels du voyage, le nouveau dirigeant des Etats-Unis semble néanmoins décidé à enfin leur donner quelques motifs de satisfaction. C’est du moins ce que laissent présager les annonces faites à plusieurs dirigeants d’entreprises du secteur, entre autres Alaska Airlines, Delta Airlines, JetBlue Airways, United Airlines, et Southwest Airlines.
Donald Trump leur a promis d’annoncer « dans les deux ou trois prochaines semaines » un plan « phénoménal en termes de taxation », comprenant entre autres des allégements de charges pour les compagnies aériennes et une modernisation des infrastructures aéroportuaires américaines.
Sévères critiques contre l’état de l’industrie aérienne américaine
À la grande satisfaction des dirigeants présents, le nouveau président s’est engagé à les débarrasser des régulations jugées trop « pesantes »de l’industrie aérienne, et de réduire fortement les seuils de taxation actuels.
Trump s’est montré très critique envers le système en place. « Nous avons un système aérien obsolète. Nous avons des aéroports obsolètes », a-t-il notamment déclaré lors de la réunion. Pour l’anecdote, il a précisé que l’une de ses principales sources était son propre pilote – « un vrai expert. »
Parmi les débats agitant actuellement le secteur de l’aérien américain : l’amélioration nécessaire de l’ATC (Air Traffic Control), de la gestion de la sécurité, des infrastructures aéroportuaires, et la question d’une possible réforme des Passenger Facility Charges (PCF).
Un équilibre à trouver avec les compagnies du Golfe
Appelé à prendre des mesures drastiques contre certaines compagnies du Golfe accusées d’accepter illégalement des subventions gouvernementales – nommément Emirates, Etihad et Qatar Airlines – le nouveau président américain a prôné le compromis.
« Je sais que vous subissez beaucoup de pression de la part de transporteurs étrangers. En même temps, nous voulons aussi leur faciliter la vie. Ils arrivent avec de gros investissements. Dans de nombreux cas, ces investissements sont réalisés par leurs gouvernements, mais cela reste de gros investissements, » a-t-il expliqué.
Donald Trump a également profité de cette réunion pour regretter l’absence de trains à grande vitesse aux Etats-Unis, affirmant que « lorsque vous allez en Chine, lorsque vous allez au Japon, ils ont des trains rapides de partout. Je ne veux pas entrer en compétition avec vos affaires, mais nous n’avons pas le moindre train rapide. » Simple plaisanterie à l’attention des dirigeants de compagnies aériennes, ou possible signe d’une nouvelle priorité pour l’ambitieux programme de développement des infrastructures promis par le candidat Trump ?
USA : le décret Trump menace-t-il le tourisme ?
C’est en tout cas la crainte du WTTC (Conseil mondial du voyage et du tourisme*). Mardi 14 février, David Scowsill, son président, s’est inquiété de la voie sur laquelle seraient en train de s’engager les USA. Lors d’un discours à Las Vegas, dans le cadre du salon de l’aéronautique Routes Americas, il a notamment rappelé les 10 ans de pertes pour le tourisme américain dus aux mesures post 11-Septembre. Et s’est interrogé sur la direction que veut donner l’administration Trump vis-à-vis d’un secteur, le tourisme, qui génère « 8% du PIB et 10% des emplois aux Etats-Unis ».
« Une politique de visa stricte et un repli sur soi ont conduit à 600 milliards de dollars de pertes pour le secteur du tourisme dans les dix ans après le 11-Septembre, ainsi que l’a rapporté l’US Travel Association, avec une chute de 9% des arrivées internationales entre 2001 et 2009″ a rappelé David Scowsill.
« Compagnies aériennes, hôtel et agences de voyages font tous état de baisses des réservations internationales à la suite du décret d’interdiction d’entrée de voyageurs en provenance de 7 pays » affirme le WTTC dans un communiqué. « Conséquence inattendue de l’annonce de cette interdiction, des voyageurs loisirs et affaires du monde entier gèlent leurs projets de voyages. »
Pour David Scowsill, l’Administration US devrait garder en tête 5 points:
- reconnaître le tourisme comme une source clé d’emplois et de croissance économique,
- maintenir le tourisme hors de la politique: une interdiction de voyager de citoyens issus de certains pays ne protégera pas plus le peuple américain,
- se souvenir de la décennie de perte économique: les voyageurs ont le choix et iront ailleurs,
- utiliser la technologie pour partager l’information: cela permettra d’assurer l’arrivée des bonnes personnes aux frontières,
- consulter les acteurs de l’industrie avant de décider un changement: cela facilitera la mise en place de politiques plus justes et moins pénalisantes.
« Alors que le président américain a promis de créer des emplois et de rendre à l’Amérique sa grandeur, le voyage et le tourisme sont des réponses évidentes, a ajouté David Scowsill. Le gagne-pain de millions d’Américains dépend de la capacité de touristes à prendre l’avion, le train ou la voiture pour dépenser leurs dollars. »
15 jours autour d’un décret
Le 27 janvier, le président des USA, Donald Trump, signait un décret « anti-terroriste » interdisant l’accès au territoire américain pendant 90 jours aux ressortissants de 7 pays : Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Le 3 février, le juge fédéral James Robart, de l’État de Washington, a suspendu l’application de ce décret. Le 9 février, la cour d’appel fédérale de San Francisco a maintenu la suspension du décret en arguant du fait que « le gouvernement n’a pas fait la preuve qu’un étranger d’un des pays visés ait perpétré un attentat aux USA ». Le lendemain, le président américain indiquait à des journalistes qu’il pensait « entre autres options présenter un nouveau décret ».
*Le WTTC regroupe des dirigeants d’entreprises majeures, publiques et privées, du tourisme et du voyage à travers le monde. Créé en 1990, ce forum publie des études sur l’impact économique et social du tourisme, avec le département d’économie de l’Université d’Oxford. Il réunit 1.000 participants à son sommet annuel.
source :
http://www.quotidiendutourisme.com/destination/usa-le-decret-trump-menace-t-il-le-tourisme/141132
http://www.tourhebdo.com/actualites/detail/98283/les-promesses-de-trump-au-secteur-de-l-aerien.html